Nous voilà de nouveau sur la route à la découverte des montagnes andines
et de Vilcashuaman, ville importante de l'empire Inca, cette fois non pas en
bus mais en 4x4 (aucun bus ne desservant cette ville). Le voyage commence vite
et bien, enfin surtout vite, notre conducteur conduit à une vitesse folle (avec
crissements de pneu et tout...) sur des routes magnifiques mais beaucoup trop
près du vide. Ici les gens n'ont pas le même rapport à la mort et donc au
danger : leur soumission et fatalisme
face aux montagnes (serros) élevées dans les croyances populaires ancestrales
aux rangs d'esprits protecteurs est difficilement compréhensible, si vous vous
inquiétez du danger ils vous diront "C'est ainsi, la montagne donne
beaucoup et elle reprend beaucoup, si c'est votre heure vous ne pouvez rien y faire".
Tout de même après plusieurs prières et quelques arrêts vomi, nous arrivons à
faire comprendre à notre conducteur qu'avec quelques précausions la montagne
reprendra moins, et le voyage se poursuit, plus serein. Il est rallongé de 2h
car un pan de montagne s'est écroulé sur la route que nous devions empunter.
Nous traversons des vallées réputées pour être très fertiles entre des
montagnes moussues; en effet sur les
côtés de la route se dressent arbres à mangues et à papayes, cactus remplis de
figues de barbarie et des palmiers de toutes sortes, quand nous demandons notre
chemin à un vieil homme, il revient les bras chargés de mangues et nous les
offre.
Nous arrivons enfin à Vilcashuman, petit village charmant niché entre
les montagnes et nous découvrons ses ruines incas : le temple du soleil sur
lequel les Conquistadors ont bati leur église, la pyramide impériale et la
pierre sacrificielle. C'est un peu moins grandiose que ce à quoi je m'attendai
mais a l'avantage de ne pas être envahi de touristes.
Le lendemain matin, notre guide pointe du doigt un sommet qui surplombe
les autres de l'autre côté de la vallée et nous annonce que nous nous y
rendons. Après un peu de voiture, nous voilà en train d'escalader une côte
verdoyante à pic (et sans chemin) pour rejoindre le sommet. Au lieu des 40
minutes prévues nous mettons 1h et demi car nos poumons ont toujours du mal à
suivre le rythme, ce qui est normal quand on sait que ce sommet est à 4000 m
d'altitude ! Mais la souffrance a sa récompense car tout en haut se trouvent
les tombeaux de rois incas dominant les montagnes alentour : l'atmosphère est
étrangement calme et la vue est incroyable. Je salue les rois dont on aperçoit
les ossements toujours dans les tombeaux bien que les trésors qui les
accompagnaient n'y soit plus, et contemple la Cordillère qui cotoie les nuages.
Encore une fois, la beauté des Andes aura réussi à m'étonner : aux
couleurs changeantes, aux reliefs sculptés, avec des routes vertigineuses
serpentants jusqu'aux sommets tutoyants le ciel azur. Decidement, il va etre dur de partir.