samedi 26 avril 2014

Des mines, du sel et la Vendee...





















Nous quittons Sucre sans savoir si nous allions pouvoir rejoindre Potosi, notre prochaine étape. En effet depuis plusieurs jours des blocages de mineurs paralysent les grandes routes autour des villes minières (c'est à dire les principales villes du pays) et particulièrement Potosi. Potosi, Ville Impériale au temps des conquistadors, était le joyau de la couronne espagnole grâce à ses mines d'or et d'argent, la noblesse et les plus grandes richesses européennes s'y trouvaient. La légende affirme que l'Espagne reçut tant du metal précieux de Potosi qu'elle aurait pu construire un pont entièrement composé d'argent qui aurait relié le haut du Mont Potosi et la porte du palai royal de l'autre côté de l'Océan. Mais le gaspillage et les dettes de l'Espagne fit que la richesse fuyait sans permettre un réel développement et de sa splendeur passé Potosi ne garde que les restes de ses églises et palaces fastueux et 8 millions de cadavres d'indiens morts d'épuisement et d'empoisonnement au mercure dans la mine. Encore aujourd'hui des mineurs (certains de 14 ans...) s'épuisent à sortir le peu d'argent qu'il reste dans des conditions déplorables et leur mécontement apparait légitime. La mine se visite, mais l'argent allant plus enrichir des agences de voyages que les mineurs je décidai de ne pas cautionner cette pratique. Après Potosi, direction Tupiza, point de départ pour notre excursion dans le Sud-Lipez et le tant attendu Salar d'Uyuni. Tupiza ressemble à une petite ville de Western, traversée par un chemin de fer poussiéreux et entourée de montagnes ocres rougeoyant au soleil couchant. Nous partons en 4x4 pour une expédition de 4 jours avec un chauffeur et une cuisinière. Bien que je ne sois pas une grande adepte de ce genre de tour en circuit fermé, c'était la seule option possible pour voir ces paysages magnifiques et nous restions relativement maitres du temps que nous voulions passer dans chaque endroit. Au programme : des geysers, une lagune changeant véritablement de couleur, le renard du petit prince, un arbre de pierre, des flamands roses, un village fantome, beaucoup de lamas, des paysages désertiques, des montagnes enneigées culminant à 6 000 mètres, des marais gelés, un lac noir, un hôtel entièrement fait de sel... Le clou du spectacle est évidemment de voir le soleil se lever assis sur un rocher sur Incawasi, une île couverte de cactus gigantesques et aux formes bizarroides, au milieu du Salar d'Uyuni, désert de sel de 11 000 Km2...


Dernière photo : Un bouquet de drapeaux au milieu du Salar. Ceci pour dire que le drapeau de la France était absent mais pas celui... de la Vendée! 

dimanche 20 avril 2014

Citees boliviennes, foetus de lamas et crepes au fromage











Après Copacabana et ses îles ensoleillées nous voilà parti pour la plus grande ville bolivienne : La Paz, qui malgré son nom traîne une réputation plutôt effrayante étayée par de nombreuses histoires d'agressions ou de disparitions touchant à la fois touristes et boliviens. Ni imprudents, ni paranos nous avons pu découvrir cette ville surprenante sans aucun sentiment d'insécurité. Perchée entre 3600 et 4000 m de hauteur, cette cité  d'1 milllion d'habitants est la ville la plus peuplée la plus haute au monde et est entourée de sommets  enneigés et de montagnes à l'aspect lunaire. L'altitude se fait sentir quand on grimpe ses rues escarpées et ses escaliers; l'aéroport de La Paz possède même une cellule spéciale avec masques à oxygène pour les touristes qui s'évanouissent en arrivant... Quartiers des affaires enchevêtrés avec le marché aux sorcières, places touristiques bordées de grandes avenues où roulent à toute allure des bus multicolores, maisons poussiéreuses recouvrant les collines à perte de vue défiant chaque fois plus la montagne, La Paz est une cité tentaculaire s'étendant de tout son long et baignant ses habitants de contrastes et de disparités. Le marché aux sorcières m'enchante évidemment, on y trouve de tout : de la poudre pour faire venir le succès, des fœtus de lamas, des offrandes pour la pachamama, des amulettes, de la mescaline (si on insiste un peu), des filtres d'amour, des savons pour attirer les clients, de l'encens qui repousse les mauvais esprits et des milliers d'autres bricoles magiques.

Nous quittons ensuite La Paz pour découvrir à quelques heures, Coroico, petite ville touristique bolivienne près de la jungle, où il fait agréablement chaud et où l'on trouve une grande communauté afro-bolivienne. Nous nous y reposons quelques jours avant de poursuivre notre chemin en direction de la capitale officielle : Sucre. C'est une ville charmante mais je suis un peu lassée des paysages urbains coloniaux et ma plus grande découverte fut celle du petit déjeuner traditionnel : une crêpe au fromage fondu frite dans l'huile...

vendredi 4 avril 2014

Copacabana et l'ile du soleil








Après Cuzco et ses merveilles, nous voilà reparti sur la route : direction Bolivia! Nous faisons une étape à Puno, ville péruvienne au bord du lac Titicaca afin de retrouver une de nos compagnes de route. Puno, capitale folklorique du Pérou grâce à sa richesse carnavalesque (c'est sans doute pour cela qu'on y trouve même Barbie Carnaval...) me replonge enfin dans le Pérou poussiéreux et authentique que j'adore, le Pérou des petits déjeuners à 3 soles (0,80 €) avalés sur un coin de table en plastique en plein marché coloré. La ville en elle-même n'est pas franchement jolie mais ses constructions chaotiques battues par le vent et cuites par le soleil suffirent à satisfaire ma faim d'horizons nouveaux. Le plus difficile pour moi fut de ne pas repartir avec la moitié des magasins d'artisanat de la ville ; en effet, ayant déjà acheté dans les villes précédentes 3 pulls, un sac, des bijoux et...des livres, mes sacs à dos commencent vraiment à rentrer en désaccord avec mes épaules. Nous quittons Puno sans en avoir visité les alentours, ayant très envie de découvrir la Bolivie au plus vite  (notre seul regret fut d'avoir manqué un Temple de la Fertilité rempli de phallus géants...). La traversée de la frontière bolivienne se fait, malgré mes appréhensions nourries par mon imagination qui s'était (un peu) emballée à propos des policiers boliviens, sans aucun problème. Nous arrivons donc quelques heures plus tard à Copacabana (rien à voir avec la Copacabana do Brazil), petite ville très touristique mais tout de même très charmante, rendez-vous apparents des backpackers chevelus et cools venus du monde entier. L'authenticité n'est pas vraiment au rendez-vous, bien que je réussisse en cherchant un peu à manger local  en finissant par dégotter mon cher petit marché cracra. Nous nous sommes aussi fait plaisir en sachant qu'un bon petit plat dans un restaurant sympa (= aménagé pour plaire aux backpackers chevelus et cools) plus quelques bières revient à environ 5 euros et qu'une chambre en haut d'un hotel avec vue sur le lac Titicaca coûte 2,5 euros. 

Le lendemain, nous partons en petit bateau en expédition sur l'Isla del Sol située à deux heures de Copacabana. Le trajet est magnifique car nous naviguons sous un doux soleil entre des îles moussues et vertes et d'autres plus désertiques en apercevant au loin d'immenses sommets enneigés perçant les nuages, et sans embûches excepté le fait que ma magnifique casquette à l'effigie d'un parti gauchiste péruvien s'envola et fut perdue à jamais dans le lac. L'isla del Sol me surprend et m'enchante par ses contrastes, il y a peu d'arbres et les collines sont recouvertes d'une végétation grillée par le soleil, la mer le lac au bord des plages est d'un bleu transparent qui n'a rien à envier à la méditerranée, mais au loin se distinguent les magnifiques sommets enneigés et le vent qui vous maltraite est là pour vous rappeler que si vous aviez bien envie d'aller vous baigner, tout de même, on est à 4100 m...

mercredi 2 avril 2014

La Vieille Montagne, la jungle et des escaliers











Cusco. Après deux mois passés à Andahuaylas en pleine immersion dans une culture péruvienne tout ce qu'il y a de plus authentique, il est vrai que pour moi le choc est rude. La ville en elle-même est très jolie, avec ses petites rues pavées et proprettes et ses églises coloniales baties sur les vestiges des temples incas mais il me semble être propulsée au milieu d'une sorte de foire aux touristes: bienvenue dans le Pérou aseptisé des gilets en alpaga et des babioles "artisanales" hors de prix. Nous nous arretons sur les conseils de notre compagnon de route dans une auberge de jeunesse très bobo (numéro 1 lonely planet donc remplie d'américains blonds et beaux) et plutôt chère (30 soles la nuit pour un dortoir) mais après 3 jours passer à vadrouiller, le simple fait d'avoir du papier dans les toilettes et une douche chaude ainsi que des draps sans taches me rempli de bonheur.
Le lendemain matin nous entamons le périple qui nous emmenera jusqu'à la récompense suprême, le Graal du touriste au Pérou : le Machu Picchu. Il est possible d'y aller de différentes manière selon son budget et/ou sa capacité physique. La manière la plus chère et la plus rapide (mais la moins drôle) est de venir en bus depuis Cusco jusqu'à Ollantaytambo (environ 20 soles) puis de prendre le train qui vous emmène jusqu'à Aguas Calientes (environ 118 dollars aller retour), de passer la nuit à Aguas Calientes pour le lendemain grimper jusqu'au Machu Picchu grâce à un autre petit train (140 dollars A/R). Pour notre part nous sommes partis de Cusco et avons rejoint Ollantaytambo en bus (4h de trajet). Nous devions poursuivre notre chemin mais cette petite ville aux rues étroites et pavées de pierres, perdue au milieu d'immenses montagnes vertes nous ayant beaucoup plu, nous décidons d'y passer la nuit et après une petite randonnée de 2h dans la montagne alentour nous dormons dans une auberge au décor un peu flippant: le fils de la propriétaire, artiste à ses heures perdues ayant en effet customisé les murs avec des moulages de seins...
Le lendemain, après nous être retrouvé dans un bus de jeunes en sortie scolaire sans trop savoir comment, pris un taxi car le bus en question s'était retrouvé bloqué par un torrent, puis un combi, nous arrivons enfin à Hydroelectrica, lieu aussi charmant que son nom peut le laisser deviner, mais qui ne sert que de point de départ pour la randonnée jusqu'à Aguas Calientes pour les routards fauchés. Nous marchons ainsi 1h30 dans une forêt qui ressemble de plus en plus à la jungle, longeant le tumultueux fleuve Urubamba et accompagnés par les cris des volatiles tropicaux et les crissements des insectes. Nous atteignons Aguas Calientes à la tombée de la nuit  et sommes agréablement surpris par ce village uniquement destiné à accueillir les touristes ; effectivement il ressemble beaucoup à une station de ski qui aurait voulu recréer l'ambiance d'une ville pirate façon Disneyland Paris, mais possède tout de même un certain charme.
Après une courte nuit c'est à 5h du matin que nous entamons l'ascension à pied jusqu'au sanctuaire du Machu Picchu dans une ambiance surréaliste : les uns derrière les autres dans le noir, grimpant les marches en pierres à travers la jungle, seulement éclairés par quelques lampes torches. Je suis toute excitée et ai même trouvé la motivation de faire l'ascension à jeun sur les conseils d'un local afin de mieux ressentir les énergies de la nature, le Macchu Picchu, appelé le "nombril du monde" par les Incas est en effet connu pour sa grande puissance magnétique et énergétique. Malgré tout, l'énergie commençait vraiment à me manquer au bout d'une heure et demie passée à monter cet escalier interminable et j'en étais en train de me promettre de ne plus jamais toucher une cigarette de ma vie quand j’atteins enfin la "Vieille Montagne". Le Machu Picchu n'usurpe vraiment pas son titre de merveille du monde et le nombre de touristes présents n'empêche aucunement d'en savourer la beauté. Cette citadelle nichée dans les hauteurs et oubliée durant des centaines d'années, reposant patiemment dans son écrin de forêt vierge dégage une telle impression de paix et de mystère qu'elle n'en finira jamais d'attirer admirateurs et admiratrices venus du monde entier pour contempler son incroyable beauté. Je quittai le lieu difficilement mais de la magie plein les yeux, d’autant plus qu’une fois encore, la Pachamama nous accompagna : depuis 10 jours il pleuvait à torrent sur le sanctuaire et le jour de notre venue fut couronné de soleil…